9 nouveaux témoignages contre l’abbé Pierre, dont un viol sur mineur et des "faits incestueux"

Publié le 14/01/2025

L’abbé Pierre est visé par neuf nouvelles accusations de violences sexuelles. Ces témoignages s’ajoutent aux 24 autres déjà recueillis par le cabinet Egaé, qui a ainsi recensé 33 victimes à ce jour. Ce dernier rapport indique qu’un témoignage fait état de « faits incestueux » sur un membre de la famille de l’abbé Pierre. Un autre témoignage fait état d'un « viol » sur un garçon mineur.

L’abbé Pierre est visé par neuf nouvelles accusations de violences sexuelles, selon le dernier rapport du cabinet Egaé publié le 13 janvier 2025.

Ces accusations s’ajoutent aux 24 autres témoignages déjà recueillis par le cabinet, missionné par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondations Abbé Pierre (sept rendus publics en juillet 2024 et aux 17 rendus publics en septembre 2024). Le cabinet Egaé a ainsi recensé 33 victimes de l’abbé Pierre à ce jour.

Ce dernier rapport indique qu’un témoignage fait état de « faits incestueux » sur un membre de la famille de l’abbé Pierre. Un autre témoignage fait état d'un « viol » sur un garçon mineur. Les faits décrits se sont déroulés des années 1960 aux années 2000.
Le cabinet Egaé précise avoir eu connaissance de l’existence d’au moins une autre victime parmi les membres de la famille de l’abbé Pierre. Cette personne n’a pas pu être entendue. De la même manière, le rapport indique que d’autres victimes potentielles ont été identifiées mais « certaines de ces victimes sont décédées aujourd’hui, d’autres n’ont pas souhaité témoigner ou pu être entendues ».

« La violence et l’extrême gravité de certains de ces témoignages ont suscité un véritable choc au sein du Mouvement », déclare Emmaüs dans un communiqué. « Le Mouvement remercie l’ensemble des personnes qui ont accepté de témoigner, parfois pour la première fois, des violences subies. Leur courage est immense. »

Emmaüs précise que la dispositif d’écoute continue de fonctionner mais « sous une autre forme à compter du mois de février ». L’association ajoute également qu’une commission d’étude sur les violences commises par l’abbé Pierre présidée par Mme Céline Béraud va être lancée en février prochain, dans le cadre d’une convention de recherche avec l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

La Conférence des évêques de France encourage les victimes à témoigner

Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF) a tenu à dire sa « proximité » envers les victimes de l'abbé Pierre. « Réaliser qu’il a utilisé son aura médiatique et l’œuvre sociale qu’il avait édifiée pour abuser sexuellement de femmes, d’enfants, et de personnes en situation de précarité, est effroyable. »

La CEF encourage par ailleurs « toute personne agressée par l’abbé Pierre à se rapprocher, si elle le souhaite, de l’un des dispositifs d’écoute ou d’accompagnement de l’Eglise ou du dispositif mis en place par Emmaüs ». La Conférence des évêques de France rappelle également qu'elle met à disposition « ses archives aux membres de la Commission historique annoncée par Emmaüs, et sa disponibilité vis-à-vis des autorités judiciaires le cas échéant ».

Dans un autre communiqué publié quelques jours plus tard, le vendredi 17 janvier, la CEF a annoncé demander à la Justice d'ouvrir une enquête. « Seule la Justice dispose des moyens d’investigation nécessaires pour permettre que toute la vérité possible soit faite sur les silences et non-dénonciations dont aurait pu bénéficier l’abbé Pierre », explique la Conférence des évêques de France. Concrètement, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, « a procédé à un signalement auprès du Procureur de la République de Paris, pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs ».

 

Article publié le 17 juillet 2024

Dans un rapport publié ce 17 juillet 2024, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre révèlent que sept femmes ont témoigné d’agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre. Des faits rapportés concernant une période de 30 ans, de la fin des années 1970 à 2005, et qui concernent des salariées, des volontaires et bénévoles des organisations, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. L’une d’entre elles était mineure au moment des premiers faits. 

« Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l'abbé Pierre occupe une place majeure », écrivent les trois organismes dans un communiqué commun, accompagnant la publication du rapport d'enquête.

Ce que dit le rapport

Il y a un an, Emmaüs France a été destinataire d’un témoignage d'une agression sexuelle commise par l'abbé Pierre sur une femme. Les trois organismes qui ont pour mission de poursuivre l'oeuvre de cette figure française de la charité, ont opté pour un travail externalisé. Le 9 février dernier, ils ont confié un travail d'écoute au cabinet Egaé, dirigé par Caroline De Haas, figure féministe engagée dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les entreprises et les institutions. La mission consistait à les accompagner « dans la conduite d’une enquête concernant des potentiels faits de violences qui auraient été commis par l’abbé Pierre ».

Entre le 10 avril et le 5 juin 2024, 12 personnes ont été entendues par Egaé, dont la personne à l’origine du premier témoignage. Au vu des éléments remontés à cette date, le groupe Egaé considère qu’ « il existe sans doute d’autres victimes qui n’ont pas encore été identifiées par le Mouvement ».

Dans le détail, le rapport indique que sept personnes ont été identifiées comme ayant subi des violences de la part l’abbé Pierre, au moins cinq personnes supplémentaires ont été identifiées comme ayant pu subir des faits de violences, sans qu’il ne soit à ce stade possible de les entendre, et plusieurs personnes étaient informées que l’abbé Pierre avait un comportement inadapté envers les femmes, sans forcément prendre conscience de la réalité des violences commises. Parmi les victimes identifiées, une d’entre elles déclare qu’elle était mineure au moment des premiers faits (16 à 17 ans).

Les faits identifiés dans le rapport sont les suivants : « comportements inadaptés d’ordre personnel, une proposition sexuelle, propos répétés à connotation sexuelle, tentatives de contacts physiques non sollicités, et contacts non sollicités sur les seins ». Le rapport ajoute qu' « une des personnes entendues fait état de difficultés psychologiques qui ont duré toute sa vie ».

 

La réaction d’Emmaüs

Dans un communiqué, le Mouvement Emmaüs assure de son soutien les victimes présumées de l’abbé Pierre : « Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés. » Avant d’ajouter : « Le Mouvement Emmaüs combat toutes formes de violences et entend dénoncer les actes inacceptables commis par une personne qui a joué un grand rôle dans son histoire. Nous le devons aux victimes. Nous le devons aussi à toutes celles et ceux qui, depuis plus de 70 ans, portent au quotidien les actions du Mouvement. Nous partageons leur peine et leur colère, mais également leur détermination à continuer d’œuvrer, chaque jour, pour construire un monde plus juste et plus solidaire. »

La CEF exprime sa « compassion » et sa « honte »

La Conférence des évêques de France (CEF) assure les personnes victimes de « sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre ». Dans un communiqué publié ce 17 juillet, les évêques rappellent que l’abbé Pierre a eu en France et dans le monde, « un impact remarquable » mais « sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage ». « La CEF redit sa détermination à se mobiliser pour faire de l’Eglise une maison sûre », conclut le communiqué.